Carrefour de l’Europe, Strasbourg et son Eurométropole regorgent d’une grande diversité linguistique. Dans une société en constante mutation, des populations se déplacent parfois par obligation et deviennent des groupes minoritaires dans leurs pays d’accueil où la politique du « cas par cas » n’est pas l’urgence. Lors d’une observation de séances d’un cours de FLE (français langue étrangère) débutant avec 3 élèves de ce2, une élève ukrainienne c’est confié à son enseignant (en russe) « j’ai peur d’apprendre le français, car si j’accepte le français ça veut dire que je ne rentrerais jamais en Ukraine et que je dois dire au revoir ». J’ai tout de suite compris l’importance de la dimension psychologique dans l’expérience de l’apprentissage d’un nouvel arrivant. J’ai donc décidé d’aborder l’expérience dans ce projet de recherche sur l’autonomisation, s’adressant à des déplacés qui bénéficient déjà de cours de FLE existants, sur lesquels je vais m’appuyer dans un premier temps. Pratique linguistique et pratique du design : une alliance possible ?
Faire découvrir et permettre d’expérimenter différents alphabets peut permettre d’apaiser cette peur de l’inconnu et stimuler la curiosité à son égard. C’est ce que j’ai souhaité testé avec une installation en patchwork, en écrivant « bonjour » en six langues, chaque lettre tissée avec une autre. Installée sur le parvis de l'école comme la « pédagogie d'arrière-plan ”, cette installation peut également être utilisée comme un tapis de conversation, où l’on peut discuter des lettres, les toucher, les assembler avec celle qu’on souhaite…